lundi 13 avril 2009

Pripiat, l'école (8)


Non loin de ce bâtiment se trouve une école maternelle. Dans la cour, l’aire de jeux disparaît sous les herbes folles. Dans un coin se trouve une fusée construite en tiges métalliques. Pour s’amuser, les enfants pouvaient se faufiler dans cet enchevêtrement de ferraille. L’émotion monte d’un cran, une fois à l’intérieur. Une salle de jeux offre un spectacle particulièrement saisissant. Des étagères regorgent de cubes colorés à l’éclat fatigué, le sol est jonché de jouets métalliques et en bois. Par-ci par-là, des modèles réduits de camions militaires et de chars d’assaut témoignent de l’admiration forcée des garçonnets pour la puissante armée rouge. Des poupées désarticulées au visage figé et meurtri laissent penser aux victimes bien réelles de la catastrophe. Plus loin, une pièce attenante contient de nombreux petits lits métalliques dont les rares matelas encore présents avaient comme explosé. Ici, les bambins effectuaient leur sieste. Cette fois, d’authentiques masques à gaz pour enfant se mélangent aux jouets, signes d’un fléau redouté.
A quelques pas de l’école maternelle se trouve un collège. Le bâtiment est plus imposant. Au premier étage, au fond d’un couloir, une porte ouverte attire mon attention. Des livres jonchent le sol. En me rapprochant, les livres épars deviennent un amas, puis une vague immobile. Sur une hauteur d’un demi-mètre, la salle est remplie de livres, sans doute ceux de la bibliothèque. Je me défends de rentrer et de marcher sur ce symbole d’une civilisation disparue. L’accident a agi comme une bombe à neutrons. Les immeubles sont préservés, la culture est restée mais les hommes ont disparu.
Ailleurs se trouvent des bobines de films, un enchevêtrement impressionnant de pellicules.
Dans la salle de classe voisine, un globe terrestre gît au sol mêlé à une multitude d’objets. La jointure entre les deux hémisphères a cédé offrant la vision d’une terre éventrée.
Située sur la rive du Pripiat, un affluent du Dniepr, la ville pouvait se targuer d’avoir son port de plaisance, des promenades aménagées le long des berges. A la belle saison, on pouvait pêcher, se baigner, s’adonner aux sports nautiques. Un restaurant flottant faisait la joie des familles, son vestige a depuis pris du gîte et se meurt à demi enfoncé dans l’eau.

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